Panneau de signalisation avant l'entrée sur un pont de fortune au Botswana
Retours d'expérience

Les pistes en Afrique australe

Durant 2 mois, nous avons parcouru le Botswana (du nord au sud) et la Namibie (du sud au nord) dans un Toyota Hilux avec tente de toit. 10’932 kilomètres et 55 nuits en bivouac plus tard, voici un petit retour sur les différents types de pistes que l’on peut trouver dans ces pays.

Pour commencer, il convient d’être très clairs sur un point : le Botswana et la Namibie ne sont pas vraiment comparables, cette dernière étant globalement bien plus facile à parcourir (exception faite de certains lieux magiques, comme la sublissime réserve de Palmwag).
Si les routes goudronnées sont plutôt rares dans les deux pays, la signalisation et l’entretien des pistes font de la Namibie un pays idéal pour débuter, alors que certaines de leur homologues botswanaises tourmenteront même les conducteurs aguerris !

La palme d’or de notre voyage va sans aucun doute à la piste Kasane – Savuti par le nord, que nous avons intitulée à juste titre « la route que personne ne prend » et qui reste, à ce jour, notre souvenir d’étape le plus mémorable. Nous lui consacrerons inévitablement un article prochainement !

Dans les parcs nationaux et les réserves, les pistes ne sont pratiquement pas entretenues. Un arbre tombé ou un trou boueux sont autant d’obstacles à contourner, qui créent de nouveaux tracés à terme.

Avant de parler des types de pistes, il nous parait très important de rappeler qu’il ne faut pas s’en écarter, par respect pour l’environnement et les animaux. Nous avons vu bien trop de conducteurs irrespectueux s’aventurer n’importe où avec leurs 4×4, au détriment des lieux magnifiques qu’ils étaient en train de visiter. Les sols, particulièrement secs, peinent à se régénérer après le passage des véhicules, ce qui crée des traces. Empruntées ensuite par d’autres, elles se transforment petit à petit en autant de voies hors des pistes principales, perturbant les zones de tranquillité des animaux. S’il est compréhensible de vouloir voir le plus d’espèces possible en safari, il n’est pas admissible de le faire au prix de leur environnement. En saison sèche, chaque brin d’herbe compte !

Types de pistes

Les pistes peuvent être divisées en 6 catégories :

1. Les tape-cul
Pistes en dur, dont le sol semble fait d’un mélange entre de la pierre plate et du sable. Souvent de couleur très claire, presque blanches. Physiquement assez inconfortables, car elles donnent une fausse impression de facilité qui fait que l’on a tendance à aller trop vite. Le moindre changement de niveau ou de texture (et il y en a beaucoup) crée un choc brusque, qui irradie dans toute la colonne vertébrale. Les freinages brusques sont à proscrire, en raison d’une couche de minuscules graviers bien glissante souvent présente sur le dessus.

2. La « tôle ondulée »
Au début, en lisant les guides, je croyais vraiment qu’il existait des sections de route en tôle ondulée. En fait non, mais c’est pareil ! Il s’agit de sections en sable durci, qui a véritablement l’aspect et le ressenti de la tôle ondulée. C’est instable, terriblement inconfortable, bruyant et aussi maltraitant pour les articulations (et les amortisseurs) qu’un massage au marteau piqueur !

3. Les bosselées
Un peu moins inconfortables pour le dos que les précédentes, elles sont constituées de sable moyennement profond, qui forme des bosses au passage des véhicules. Le véhicule est secoué de droite à gauche et toute la cargaison vacille en rythme. Ce sont les plus usantes pour les nerfs, parce que même à 10km/h, on est ballotés en tous sens. Impossible de se tenir. Alors on chante Awimbawe du Roi Lion. Parce que c’est plus joyeux que de râler. Mais parfois, on râle quand même.

4. Les bossues
Pistes plates constituées de grosses bosses, elles comptent parmi nos favorites pour leur confort, souvent bon. Ce doit être moins vrai en saison humide, où les creux se transforment en pièges boueux.

5. Le “deep sand” (sable profond)
Allant de deep à very deep, le sable est techniquement exigeant en terme de conduite, car un ensablement devient vite une très grosse galère. Si vous avez déjà conduit dans une grosse couche de neige fraiche épaisse, c’est un peu similaire. Le droit à l’erreur est inexistant. Par contre, niveau confort, c’est doux. Mais très très lent !

6. Les humides
Nous les avons peu rencontrées, car en fin de saison sèche, elles se font rares. Ce sont des pistes plus grasses et ponctuées de trous, parfois profonds, emplis d’eau ou de boue généralement puante, dans lesquels il vaut mieux éviter d’aller se coincer. En cas de doute, le mieux est de sortir du véhicule avec précaution et d’enfoncer un bâton dans le trou pour juger de la profondeur avant de se lancer. Et surtout, de ne pas stationner près du véhicule pendant que le conducteur franchit le trou, sous peine d’être aspergé d’une belle dose de vase putride (ça sent le vécu) !

Les bonnes pistes
Occasionnellement, il y a aussi de bonnes pistes : sèches, relativement plates, en sable, terre, sol dur, graviers ou un mélange de tout ça. Généralement, elles ne durent pas.

Un trajet menant d’un point A à un point B est généralement constitué d’un mélange (ou d’un cumul) de ce qui précède, en ordre aléatoire. Le tout ponctué de surprises variables, bonnes ou moins bonnes : troupeau de buffles, autre véhicule coincé, passage à gué, arbre tombé, etc.

De manière générale, au bout d’une dizaine de jours, on en a déjà plein le dos de ces foutues pistes, au propre comme au figuré. Mais ça participe au charme de l’aventure, parce que ce sont aussi les premières choses que l’on raconte en rentrant. Après les rencontres animales, évidemment.

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